Le Courrier de l’Ouest a publié hier un long entretien avec Daniel Rabourdin, producteur du film La Rébellion cachée, attendu avec impatience depuis 2013, notamment par tous les bénévoles qui y ont participé. La sortie en France est annoncée pour le printemps 2017…
Jim Morlino (à la caméra), réalisateur du film The War of the Vendee, en 2012,
et derrière lui, Daniel Rabourdin, lors du tournage de La Rébellion cachée
L’aventure touche à sa fin. Tourné durant l’été et l’automne 2013 en Vendée (Chantonnay, Saint-Hilaire-de-Loulay) et Loire-Atlantique (La Chapelle-Basse-Mer), le docufiction La Rébellion cachée est disponible en DVD aux États-Unis et téléchargeable en anglais sur Internet (1). Son producteur franco-américain Daniel Rabourdin prépare une adaptation française qu’il espère bien venir présenter lui-même dans les salles de cinéma de la région. Notamment dans le Choletais qui fut l’épicentre de la guerre de Vendée (1793-1796).
(Entretien avec Gabriel Boussonière, du Courrier de l'Ouest) Vous vivez à Los Angeles depuis 30 ans. Pourquoi vous êtes-vous intéresséà la Vendée ?
Daniel Rabourdin : « Je suis catholique pratiquant et quand j’étais adolescent, je fréquentais un lycée public de Cannes où la plupart des professeurs faisaient une propagande antichrétienne. On se moquait de ma foi. Ça me dérangeait, bien sûr, mais je l’acceptais parce qu’en France c’est comme ça. À l’âge de 24 ans, je suis allé vivre aux États-Unis et je me suis rendu compte que les comportements étaient différents. Ici, il y a plus de liberté et plus de respect pour les pratiques religieuses. Cela m’a donné envie de parler de ce sujet de la liberté religieuse. Un jour, lors d’un voyage en France, je suis tombé sur une vieille bande dessinée sur la guerre de Vendée. J’avais trouvé mon idée de film. »
Vous traitez le sujet sous forme de docufiction…
« Oui c’est un film qui mêle action et réflexion. Il y a des scènes de reconstitution historique et des interventions d’intellectuels mettant en perspective les événements. J’ai fait appel à deux historiens français, Reynald Sécher et Stéphane Courtois, ainsi qu’à des confrères à eux d’Ukraine et du Royaume-Uni. Un philosophe de la politique apporte aussi son point de vue. Dans ce film, je donne voix aux paysans vendéens qui, face à l’horreur, ont été remarquables par leur dévouement, leur respect des hommes et du Ciel. »
Vous avez fait appel a des figurants de l’association Les Brigands du Bocage dissoute depuis dans des conditions pas très claires. Il n’y a aucun obstacle pour les montrer à l’écran ?
« Tous les figurants ont signé leur droit à l’image, ce n’est pas un problème. Cette association m’a bien aidé, mais je ne sais pas ce qui s’est passé après. C’est regrettable. »
Doit-on faire un parallèle entre cette répression sanglante par un pouvoir central qui a fait au bas mot 150.000 morts, et des événements plus contemporains ?
« Malheureusement, les idéologies de haine sont toujours dans l’air du temps, l’actualité est là pour nous le rappeler. Et quand elles sont servies par une police ou des militaires, on assiste à des drames. »
Peut-on déjà se procurer le film ?
« Pour l’instant il n’est disponible qu’en anglais en DVD aux États-Unis ou en téléchargement payant sur le site. »
Et la version française ?
« J’y travaille, j’espère qu’elle sera prête au printemps prochain. Il y aura un DVD et des projections dans les salles de cinéma de votre région. Je suis en contact avancé avec un distributeur (2). »
Verra-t-on votre film à la télévision en France ?
« J’aimerais bien mais je ne pense pas. Les chaînes de télé françaises ne voudront jamais d’un film qui met en valeur la foi catholique. »
Vous êtes venu tourner en Vendée militaire. Quelles images gardez-vous en mémoire ?
« Je me souviens d’une atmosphère douce, dévouée et familiale. J’ai aussi été frappé par le patrimoine architectural, les maisons de pierre, les vieux meubles en bois, les routes qui serpentent dans la campagne. Pour quelqu’un comme moi qui vit depuis 30 ans dans le Nouveau Monde, c’est fascinant. Mais il y a une autre chose qui m’a frappé, c’est le statut social qui est basé sur les titres et l’ancienneté. Si on ne les a pas, on est vite laissé de côté. Je dois dire que ça a été un frein pour faire comprendre mon projet. »
Merci à Gabriel Boussonnière qui a réalisé cet entretien
pour Le Courrier de l’Ouest, édition de Cholet, du vendredi 18 novembre 2016.
Notes :
(1) Pour télécharger le film (en anglais) : http://hiddenrebellion.com/
(2) La société (vendéenne) qui distribuera le film annonce une sortie au printemps 2017. Une page Facebook est en cours de réalisation pour la faire connaître.
Un second article de Gabriel Boussonnière complète cette présentation :
Tout l’argent de sa future retraite investi dans un film
Daniel Rabourdin a mis toutes ses économies pour financer ce film qui a coûté trois fois plus cher que prévu. Lorsqu’il s’est lancé dans la production de son docufiction La Rébellion cachée, Daniel Rabourdin tablait sur un budget de 60 000 €. Au final, l’addition est triplée. « Le film va me coûter environ 180 000 €, sans compter les quatre années de travail pendant lesquelles je ne me suis pas payé. » La différence s’explique par « une multiplication par dix du temps de montage, l’embauche d’une vingtaine de voix professionnelles et l’utilisation d’une cartographe très soignée ».
Pour rendre cette aventure possible, Daniel Rabourdin a démissionné de son poste de producteur chez EWTN, une chaîne de télévision catholique américaine reçue dans 320 millions de foyers dans le monde, et il a liquidé sa retraite. Il a aussi fait appel au financement participatif et il est finalement arrivéà boucler son budget… avec deux ans de retard. Initialement prévu pour fin 2014, le DVD a été mis en vente il y a deux semaines aux États-Unis et il faudra attendre au mieux le printemps 2017 pour la version française. « Il s’en vend une trentaine par jour pour l’instant mais il faudra que j’en vende 53 000 pour gagner de l’argent. Je compte aussi sur les téléchargements payants, les tee-shirts et badges, les projections en paroisses et sur les chaînes américaines. »
Aujourd’hui, Daniel Rabourdin est endettéà hauteur « 10 000 dollars »– une misère dans le milieu de l’industrie cinématographique – et, dans deux mois, il n’aura plus d’argent pour payer son loyer à la famille équatorienne qui le loge. Mais il ne regrette pas son choix. « Je vis dans un pays, les États-Unis, où prendre des risques fait partie de la vie. Ça me soutient moralement et surtout, je suis heureux de pouvoir raconter cette histoire et la partager. J’ai donné vie à un bel enfant, c’est beaucoup plus important que mon loyer. »