Le dernier combat de la dernière guerre de Vendée se déroula à la Pénissière-la-Cour le mercredi 6 juin 1832. Le registre des délibérations communales de La Bernardière en conserve le souvenir.
Extrait du registre des délibérations communales de La Bernardière,
déc. 1829-fév. 1838, vue 8/12 (A.D. 85)
Le maire de La Bernardière, René Caille, a ainsi décrit les événements de cette journée historique :
Fait mémorable en 1832
Guerre de la Vendée en 1832
Nous, maire de la commune de la Bernardière, canton de Montaigu, département de la Vendée, certifions à qui de droit qu’il s’est donné un combat entre les Libéraux et les Royalistes à la Pénissière la Cour, commune de la Bernardière, le 6 juin mil huit cent trente deux : le parti libéral a remporté la victoire sur les Royalistes après un combat de six heures. Les Royalistes n’étoient qu’au nombre de cinquante à cinquante six, mais bien tous dévoués à leur cause, au lieu que les Libéraux étoient au nombre de sept à huit cent hommes ; les Royalistes étoient renfermés dans le chateau, leur dernière ressource. Les Libéraux ont remporté la victoire sur eux après avoir mis le feu au chateau, et avoir brulé les deux métairies dépendantes dudit château.
Fait et approuvé par nous maire de la Bernardière, le 7 juin 1832, le lendemain de la bataille.
La dernière guerre de 1832
Ce combat opposa donc les « Libéraux », partisans de Louis-Philippe, devenu roi après la révolution de 1830, et les « Royalistes », qui soutenaient la cause légitimiste défendue par la duchesse de Berry, bru de Charles X, le roi déchu par cette même révolution de 1830.
Le soulèvement légitimiste contre le nouveau régime, qui avait d’abord fait long feu dans le Midi, fut fixé en Vendée au 24 mai 1832, mais n’éclata que localement le 4 juin, pour ne durer que quelques jours. « Les Vendéens avaient affaire à des ennemis aussi habiles qu’infatigables, qui ne leur laissèrent le loisir ni de se rassembler, ni de grossir leurs bandes. Du moment où le projet d’insurrection fut connu (…), les généraux Solignac, d’Hermoncourt et Rousseau, qui commandaient à Nantes et dans la Vendée, dirigèrent sur tous les points des forces plus que suffisantes pour écraser les insurgés. » (A.-J.-M. Lorieux, Précis historique des événemens de l’année 1832, Paris, Dumont, 1833, p. 35)
Parmi les quelques échauffourées qui éclatèrent dans les premiers jours de juin, il en est une dont le souvenir mérite d’être entretenu en raison de l’héroïsme avec lequel un petit groupe de Vendéens résista à l’ennemi.
Le château de la Pénissière, lithographie de T. Drake
extraite de l'Album vendéen d'A. Lemarchand (A.D. 85, 1 Fi 1112)
Le combat de la Pénissière
« Le mercredi 6 juin, une troupe d’insurgés, au nombre d’une cinquantaine, appartenant pour la plupart aux familles notables du pays, était venue chercher un refuge à la Pénissière de la Cour, grosse ferme située à quelque distance de Clisson. Après deux jours de combats, de marches et de fatigues, ils espéraient prendre quelque repos dans ce lieu solitaire ; mais déjà leur retraite avait été signalée à Clisson, et sur-le-champ un nombreux détachement de gardes nationaux et de troupes de ligne reçut l’ordre de l’investir (…).
La colonne s’avançait sans précaution et pénétra jusque dans la cour ; mais au même instant un feu terrible, parti de toutes les fenêtres, fit tomber bon nombre des assaillants et força les autres à se retirer (…). Un second détachement, attiré par le bruit de la fusillade, se présenta à son tour (…). Le même accueil les attendait (…). Une soixantaine de paysans seulement se présentèrent sur les derrières de la ligne afin de faire diversion. Plusieurs d’entre eux furent tués en combattant (…).
Après six heures d’un combat meurtrier, désespérant d’entrer de vive force dans la ferme, les assaillants résolurent d’en déloger leurs ennemis en y mettant le feu. Une petite écurie attenant au bâtiment principal en ouvrit l’entrée. Des fagots entassés prennent feu subitement, la flamme communique rapidement dans toutes les parties de l’édifice ; bientôt la ferme entière paraît embrasée, et les assaillants, poussant des cris de joie, contemplent immobiles les progrès de l’incendie.
Les assiégés pourtant profitèrent habilement de cet instant de distraction, et tandis que leurs ennemis, croyant déjà les voir ensevelis sous les décombres, oubliaient de se tenir sur leurs gardes, les Vendéens réunis s’élancent par une porte de derrière, et fondent sur la ligne des assaillants qui, trop faible pour leur résister, s’ouvre afin de leur laisser passage. Quelques-uns des leurs, retardés par leurs blessures, sont atteints par les balles et restent sur le carreau ; les autres (…) échappent aux flammes et au fer, tandis que sept ou huit combattants renfermés dans une chambre que l’incendie avait épargnés, s’y tiennent cachés, et parviennent à s’échapper après le départ des troupes de ligne. Tel fut le combat de la Pénissière. » (A.-J.-M. Lorieux, op. cit., pp. 36-39)
Le flambeau de la mémoire est relevéà la Pénissière
Le site de ce dernier sursaut de la résistance vendéenne a été choisi symboliquement, cent ans plus tard, pour accueillir la première assemblée du Souvenir Vendéen. À cette occasion, la première plaque de l'association fut posée sur le porche de la Pénissière.
La plaque restaurée de la Pénissière
Le porche d’entrée de la Pénissière et ses deux plaques du Souvenir Vendéen