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Il y a 85 ans, le Souvenir Vendéen à Saint-Hilaire-de-Talmont

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Outre les monuments, les croix et les plaques, le Souvenir Vendéen a parfois eu recours au vitrail pour honorer la mémoire des combattants et des martyrs de la Grande Guerre de 1793. L’église de Saint-Hilaire-de-Talmont en offre un bel exemple.

Saint Hilaire de TalmontLe vitrail de l'abbé Maroilleau dans l'église de Saint-Hilaire-de-Talmont
  

Ce vitrail installé dans la baie du clocher fut l’une des premières réalisations du Souvenir Vendéen. Sa bénédiction, ainsi que celle de l’ensemble des verrières de l’église, eut lieu il y a 85 ans, le dimanche 19 août 1934. « Le vitrail principal, représentant le Martyre de l’abbé Maroilleau de St-Hilaire, guillotiné aux Sables en 1793, ayant été, en partie, offert par le Souvenir Vendéen, M. le curé avait voulu que la note dominante de cette journée soit nettement vendéenne », lit-on dans le Bulletin n°5 de l’association, daté de septembre 1934 (p. 3).

Le compte rendu de la journée se poursuit ainsi : « En l’absence de S. Ex. Mgr l’Évêque de Luçon, empêché, la cérémonie fut présidée par Mgr Cloutour, supérieur des missionnaires de Chavagnes – un grand ami de la Vendée et du Souvenir Vendéen… »

Pour l’histoire, l’abbé Jacques Maroilleau, jeune diacre âgé d’une vingtaine d’années (son prénom et son âge varient selon les sources), était venu se réfugier auprès de son oncle, curé de Saint-Hilaire-de-Talmont, après la dispersion des élèves du séminaire de Luçon. Il fit partie d’un groupe de douze personnes accusées de rébellion, condamnées à mort et exécutées aux Sables-d’Olonne le 19 avril 1793. André Collinet, chroniqueur sablais, note dans son journal que « ce jeune homme, beau et bien fait, a avoué ses torts et est mort avec beaucoup de fermeté » (édition du C.V.R.H., p. 126).

Saint Hilaire de Talmont 2Sous la tribune, un grand panneau rappelle le don dui Souvenir Vendéen
  

Une petite armée rejoue la bataille de Saumur

Le programme de l’après-midi nous fait regretter qu’aucune photographie ne fût prise : « Dans les rues de St-Hilaire agréablement décorées de sapins fleuris et d’arcs de triomphe et devant une foule joyeuse et sympathique, eut lieu le défilé de l’armée vendéenne… les grands chefs à l’écharpe blanche… les cavaliers montés, comme ceux d’autrefois, sur des juments de labour… l’infanterie presque composée de petits gars de St-Hilaire, coiffés du chapeau “rabalet” et le fusil sur l’épaule… enfin le bataillon des petites Vendéennes à la coiffe blanche et aux cotillons multicolores ».

Cette petite armée, précédée de la musique de La Tranche, se mit ensuite en chemin vers la vaste prairie du château des Granges-Cathus. « Au centre de la “prée”, un donjon de carton peint représentait le château de Saumur. Les différents détachements vendéens, précédés de leurs chefs, coururent à l’assaut avec tant d’impétuosité, qu’au bout de dix minutes à peine, le drapeau blanc flotta sur la citadelle. »

La journée s’acheva par une causerie de M. René Turpault, membre du Comité du Souvenir Vendéen, puis par les animations de la kermesse au profit des écoles chrétiennes de Saint-Hilaire-de-Talmont.

Rappelons que Souvenir Vendéen a honoré une seconde fois la mémoire de l’abbé Maroilleau, en inscrivant son nom dans le martyrologe des Sables-d’Olonne, béni le samedi 1er décembre 2018.
  


Un spectacle sur la Virée de Galerne à Fougères

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L’association Devoir de mémoire Bro Felger organise les 16 et 21 août, les 6 et 13 septembre 2019, des promenades théâtrales à travers le jardin public de Fougères sur le thème de la Virée de Galerne.

La Viree de GalerneCréée en 2016, l’association Devoir de mémoire Bro Felger propose des animations historiques, comme l’an dernier avec des balades contées sur les Chouans jouées devant environ 500 personnes.

Ce succès a encouragé les bénévoles à monter un nouveau spectacle, cette fois sur la Virée de Galerne, cette incroyable campagne de l’armée vendéenne outre-Loire (du 18 octobre au 23 décembre 1793), qui occupa à deux reprises la cité de Fougères, du 3 au 6, puis les 23 et 24 novembre 1793. 

Le public suivra le personnage d’Athanase, un Vendéen blessé et resté au pays de Fougères, qui fera office de guide pour découvrir les 14 saynètes de ce spectacle interprété par une vingtaine de comédiens amateurs.

Le spectacle au lieu les vendredi 16 et mercredi 21 août 2019, puis les vendredis 6 et 13 septembre 2019. Deux séances sont proposées, à20h30 et 22h00. Durée : 1h20. Rendez-vous devant l’entrée principale du jardin public.

Tarifs : 7 € / 3,50 € pour les moins de 12 ans et les adhérents / gratuit pour les moins de 5 ans. Billets en vente à la boutique souvenir du château (81 rue de la Pinterie) et sur place.
  

« Sur le chemin des dames »à Mortagne-sur-Sèvre

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Inauguré le 25 mai dernier, le nouveau parcours intitulé« Sur le chemin des dames » invite à la découverte du patrimoine et de l’histoire de Mortagne-sur-Sèvre à travers le destin de douze femmes de toutes époques et de toutes conditions.

01 Mme de Sapinaud 1Les panneaux n°1 et n°3
  

Chacune de ces personnalités a été rattachée à un lieu marqué par un panneau explicatif. Partant de la place de la Roseraie, le promeneur croise des célébrités locales, comme Madame de Sapinaud, figure bien connue des Guerres de Vendée, ou de nobles dames de Mortagne : Mabille de Maulévrier, qui fit construire la chapelle Saint-Léger à la fin du XIIIe siècle, Yolande de La Haye, joueuse invétérée du XVe siècle, ou encore Philippe de Montespédon, qui fut proche de Catherine de Médicis.

On rencontre également des femmes moins connues : les sœurs Chevez, fondatrices de la première école de filles de Mortagne au tout début du XVIIIe siècle ; Mademoiselle Moigas, qui œuvra à la reconstruction de la chapelle du Pont détruite pendant les Guerres de Vendée ; ou Élise Cochais, première élue conseillère municipale en 1945.

Les plus modestes n’ont pas été oubliées, qu’elles soient lavandières comme Constance Plessi, brodeuses comme Émilie Brochard, ou qu’elles aient été, comme Marie Remigereau, le modèle des camemberts mortagnais.

Vous pouvez suivre ce parcours de 3,5 km (soit une durée de 1h30) grâce au dépliant fourni par l’Office de Tourisme ou téléchargeable ici, mais aussi par le balisage fixé au sol tout au long de l’itinéraire.

À noter que le passage entre le point 7 et le point 9 n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite, en raison de la topographie vallonnée des Jardins de la Cure.
  

07 Pl du Chateau 2Le panneau de la place du Château (n°7)

05 Mairie 1Les panneaux n°5 et n°11

07 Pl du Chateau 4Le balisage au sol

Sur le chemin des damesConsultez et téléchargez le dépliant ci-dessus
  

Une rue d’Elbée aux Herbiers

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Elle n’apparaît pas sur Google Maps. Et pourtant la rue d’Elbée existe bel et bien aux Herbiers, cachée au fond d’un parking, à l’entrée d’une impasse.

Les Herbiers Rue d'Elbee  
Mon inventaire des rues vendéennes aux Herbiers a commencé en novembre 2010 avec la rue Bonchamps, la rue des Chouans et la rue de la Virée de Galerne. Un mois après, les panneaux des rues Sapinaud et Charetteétaient replacés après travaux. Vint ensuite le tour de la rue Stofflet, une impasse prolongeant la rue Bonchamps, en septembre 2011.

Je complète aujourd’hui cet inventaire avec la rue d’Elbée, qui était mentionnée sur des panneaux de parking, mais dont je n’avais pas encore relevé la plaque (unique) au bout de son impasse desservie par la rue de la Fontaine du Jeu.

Cette dernière plaques est ajoutée à l'Album photos des rues vendéennes.
  


Les autres plaques de rues vendéennes des Herbiers :

Les Herbiers Rue Bonchamps

Les Herbiers Rue Sapinaud

Les Herbiers Rue Stofflet

Les Herbiers Rue Charette

Les Herbiers Rue de la Viree de Galerne

Les Herbiers Rue des Chouans

« Un grand nombre de noyades et fusillades aux Ponts-de-Cé»

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Dans une déclaration adressée à la Convention en novembre 1794, le général Cordelier mentionne « un grand nombre de noyades et fusillades » commis sur des prisonniers vendéens aux Ponts-de-Céà la fin de l’année 1793.

Les Ponts-de-CeLe château des Ponts-de-Cé
  

Le document est bien sûr à prendre avec quelques réserves, considérant qu’il fut écrit à une époque où les responsables des crimes perpétrés sous la Terreur s’employaient à se couvrir en se déchargeant sur d’autres, à commencer par Carrier. Le général Cordelier était alors suspendu et emprisonné en raison de ses exactions en Vendée.

Cordelier « s'étonne » qu'on fusille des prisonniers qui se rendent

« Pendant le temps qu’il resta à Angers, il (Cordelier) a eu connaissance d’un grand nombre de noyades et fusillades qui se sont effectuées aux Ponts-de-Cé, distants d’une lieue d’Angers, et sur des brigands qui étaient, comme ceux de Saumur, venus déposer leurs armes au désir de la proclamation qui leur en avait été faite par les représentants du peuple. Le déclarant, étonné de ce que l’on agissait ainsi envers des hommes, qui n’avaient déposé les armes que sur les proclamations dont il vient d’être parlé, et qu’en s’en rapportant à la loyauté française, il fit plusieurs questions au général Robert (1) pour s’éclairer sur ce fait. Ce dernier lui répondit qu’il avait ordre de faire faire des noyades et fusillades de tous les brigands qui venaient déposer leurs armes, ainsi que l’avaient déjà fait 7 à 8000 d’entre eux… »

L’étonnement que manifeste Cordelier et son appel à la « loyauté française» ne manquent pas d’ironie, quand on se souvient qu’il fit fusiller sans aucun état d'âme les municipaux de La Jumellière venus à sa rencontre avec une partie des habitants de ce bourg des Mauges, le 25 janvier 1794. Et ce n'était pas là le moindre de ses forfaits.

Des procès-verbaux pour se couvrir

La déclaration de Cordelier se poursuit ainsi : « Se trouvant un jour chez le représentant du peuple Francastel (2) avec le général Robert, ce dernier rendit compte au représentant qu’il avait donné les ordres pour que 12 à 1500 brigands fussent fusillés et jetés dans la Loire aux Ponts-de-Cé (ce qu’il appelait envoyer à Nantes par eau). À quoi le représentant Francastel demanda si l’on avait eu soin de faire dresser un procès-verbal de rébellion contre la garde. À quoi Robert répondit que oui. Un jour, faisant plusieurs demandes au général Robert, pour savoir s’il était vrai qu’il était autoriséà faire exécuter les noyades et fusillades dont il s’agit, il lui répondit que non seulement il était autoriséà la faire, mais encore que, pour couvrir sa conduite et celle des exécuteurs de ses ordres, on avait soin de faire dresser des procès-verbaux qui constataient que les brigands, en allant d’Angers aux Pont-de-Cé, s’étaient révoltés contre leur escorte ; et qu’en conséquence ils avaient été fusillés… »

Cordelier ajoute que « ce stratagème (lui) paraissait (…) être un raffinement de scélératesse ; mais les représentants du peuple Carrier et Francastel paraissaient y donner leur assentiment » (3).

Des prisonniers noyés… par l'écroulement du pont

Il ne faut cependant jamais se fier aveuglément aux documents postérieurs à Thermidor lorsqu’on cherche la trace de crimes commis sous la Terreur, surtout quand ils émanent des criminels eux-mêmes.

D’une part on ne trouve guère de procès-verbaux dressés en pareilles circonstances ; d’autre part il existe une lettre du général Robert au ministre de la Guerre, datée du 9 nivôse an II (29 décembre 1793), qui explique dans un post-scriptum les circonstances dans lesquelles les prisonniers vendéens évoqués par Cordelier furent fusillés et noyés :

« Je t’annonce qu’environ deux mille prisonniers catholiques qui étaient ici détenus et que de concert avec le Cn (citoyen) Francastel, représentant du peuple, nous fesions évaquer (évacuer) sur différents points, une partie de ces messieurs se sont révoltés contre la garde qui en a fait justice. Le reste, en passant sur le pont de Cé, deux arches se sont écroullées et sont malheureusement tombés dans la Loire où ils se sont noyés, ils avaient malheureusement les pieds et mains liés. Vive la république. » (4) La répétition du mot « malheureusement », souligné, traduit sans nul doute le cynisme de l'auteur de la lettre (illustration ci-dessous).

SHD B 5-7-94Post-scriptum de la lettre du général Robert décrivant la noyade des prisonniers dans la Loire à la suite de l'écroulement de deux arches du pont (A.D. 85, SHD B 5/7-94)
  


Notes :

  1. Joseph-Louis-Armand Robert (1767-1796), chef d’état-major de l’armée de l’Ouest lorsque le général Turreau en assumait le commandement en chef.
  2. Marie-Pierre-Adrien Francastel (1761-1831), député de l’Eure à la Convention, envoyé en mission dans l’Ouest, principalement à Angers, d’octobre 1793 à avril 1794. 
  3. Ch.-L. Chassin, La Vendée patriote, t. IV, pp. 213-214.
  4. Archives de la Vendée, Archives militaires de la guerre de Vendée conservées au Service historique de la Défense, SHD B 5/7-94.
      

Visites guidées de Saint-Florent-le-Vieil

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Partez à la découverte de Saint-Florent-le-Vieil, site emblématique de l'histoire de l'Anjou et des Guerres de Vendée, en compagnie d’Hélène Guégnard, les mardis 20 et 27 août 2019.

Saint-Florent-le-VieilToute l'histoire des Guerres de Vendée se concentre àSaint-Florent-le-Vieil.
  

Connaissez-vous saint Florent, cet ermite qui évangélisa la région au IVe siècle et qui donna son nom à ce « Mont-Glonne » ? Savez-vous dans quelles circonstances ce lieu fut appelé« le Vieil » ? C’est le début d’une histoire riche et tourmentée qu’Hélène Guégnard vous fera découvrir au cours de ses visites guidées qui font la part belle aux Guerres de Vendée.

La ville est en effet un concentré d’histoire de la Grande Guerre de 1793 à travers ses sites et monuments : la place d’armes oùéclata l’insurrection, les vitraux de l’église abbatiale qui racontent les principaux événements, les tombeaux de Bonchamps et de Cathelineau, etc.

Les visites guidées auront lieu les mardis 20 et 27 août 2019, de 15h00 à 16h30, au départ de l’esplanade du Montglonne, devant l’église abbatiale. Accessible à tout public, sur réservation au 06.70.60.85.46. Tarif : 6 € par personne.
  

BonchampsLe tombeau de Bonchamps dans l'église abbatiale
  

Stofflet, « Vice-Roi de la Vendée »

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Tout le monde connaît le surnom de Charette, le « Roi de la Vendée », sans qu’on sache précisément qui lui a attribué le premier. Mais savez-vous qui a qualifié Stofflet de « Vice-Roi de la Vendée » ?

Stofflet« Monsieur Stoflet Vice Roi de la Vendée… »
Détail de la lettre du général Beaurgard au réprésentant Cochon

  

Les biographes de Charette ont usé et abusé de son surnom de « roi de la Vendée » : Joseph Robin en 1917 (Le Roi de la Vendée, François-Athanase Charette : lieutenant-général de l'Armée royale, 1763-1796), G. Lenotre en 1924 (Monsieur de Charette, le Roi de Vendée), Gilbert Charette en 1951 (Le chevalier Charette, Roi de la Vendée), Joël Bonnemaison en 1993 (Moi Charette « Roi de Vendée »), ou encore Alain Gérard en 1993 (Sur les traces de Charette, roi de la Vendée).

Stofflet n’a pas eu ce privilège, ni les faveurs des historiens. On lui trouve toutefois un titre similaire, donné par le général de brigade Beaurgard (1) dans une lettre envoyée au représentant du peuple Cochon (2), datée du camp de Concourson le 6 nivôse an III (26 décembre 1794) : « … Je te fais passer une pièce original en son espèce, c’est copie d’une proclamation de Monsieur Stoflet, Vice Roi de la Vendée, Comdt (commandant) en chef les armées de l’Anjou et du Haut Poitou. Par sa lecture tu verras qu’ils sont loing de se rendre (j’entends les chefs)… »

Ne cherchez pas cette lettre dans un fonds d’archives publiques, elle est en vente sur Ebay !
  


Notes :

  1. Charles-Victor Woirgard (1764-1810), dit Beaurgard, général de brigade provisoire le 12 avril 1793, confirmé le 30 avril 1793. Affectéà l'armée du Nord, il est suspendu de ses fonctions en octobre 1793, emprisonné puis remis en liberté en août 1794 et retrouve son grade. Envoyéà l’armée de l’Ouest, il est destitué en 1796 par Hoche (sur dénonciation du général Caffin), pour avoir favorisé le pillage et l’indiscipline. Mais il est blanchi par un conseil de guerre et retrouve son grade en décembre 1796. Il est inscrit sur l’Arc de triomphe à Paris, sur la 38e colonne, sous le nom de « Beauregard ».
  2. Charles Cochon de Lapparent (1750-1825), député des Deux-Sèvres à la Convention.
      

Les deux pages de la lettre autographe du général Beaurgard (source : Ebay) :

Stofflet 1

Stofflet 2  

« Pierre, capitaine de paroisse » revient en forêt de Grasla

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Ouvert il y a trente ans cette année, le Refuge de Grasla propose deux représentations du spectacle « Pierre, capitaine de paroisse » le samedi 24 et le dimanche 25 août 2019. 

Le Refuge de Grasla  
Après les combats de 1793, Pierre est de retour dans le village de huttes et de cabanes que les habitants des Brouzils et des paroisses environnantes ont aménagé en forêt de Grasla pour se mettre à l’abri des Bleus. Ainsi débute le spectacle interprété par une trentaine d’acteurs – des bénévoles, un comédien et un violoniste professionnels – pour faire revivre le drame de tous ces Vendéens, hommes, femmes et enfants, qui vécurent tout l’hiver au cœur de cet épais massif forestier pour échapper aux soldats des Colonnes infernales.

Les deux représentations de « Pierre, capitaine de paroisse » auront lieu le samedi 24 août 2019 à 20h30, et le dimanche 25 août 2019 à 17h00 au Refuge de Grasla, aux Brouzils (sur la route de Chauché).

Tarifs : 8 € (adulte) / 4 € (6-14 ans) / 22 € (famille : 2 adultes et 2 enfants ou plus) / 7 € par personne pour les groupes

Réservation obligatoire sur le site internet du Refuge de Grasla
  


En août, une exposition de photos du film « Les Chouans »

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Le château du Rocher Portail présente jusqu’au 31 août 2019 une exposition des photos du tournage du film Les Chouans d’Henri Calef, une adaptation du roman éponyme de Balzac sortie en 1947.

En 1799, le jeune marquis de Montauran débarque pour prendre la tête des Chouans qui s’arment pour le retour du roi. Madame du Gua, royaliste passionnée, lui prête main-forte, alors qu’il tombe amoureux de la belle Marie Nathalie de Verneuil, chargée de l’attirer dans un piège afin de le séduire pour le faire capturer. Tous deux considérés comme des traîtres par l’un et l’autre camp, les deux amants ne pourront pas vivre leur impossible amour et seront abattus par leurs partisans. Voilà pour le résumé du film.

Les ChouansLorsque Manuel Roussel acquiert le Rocher Portail en 2016, il devient le gardien d’un monument d’histoire et d’archives. L’une d’elle attire particulièrement son attention : une petite photo noir et blanc sur laquelle l’acteur Jean Marais adopte la pose dans la cour du Château du Rocher Portail visiblement lors d’un tournage, mais lequel ?

Manuel Roussel questionne autour de lui, relaie l’information dans la presse locale, sur les réseaux sociaux dans l’espoir d’en savoir un peu plus… et qui sait ? de réaliser une exposition photos. Romain Lebreton qui lui confie quelques clichés inédits réalisés par son père, alors clerc de notaire à Saint-Brice au moment du tournage. S’ensuit Olivier Calef, fils du réalisateur Henri Calef avec quelques notes du tournage de son père.

Sur les murs de l’édifice, une vingtaine de clichés s’affichent et retracent les grands moments du tournage au château, du pont-levis aux allées du château. On y surprend Jean Marais et Madeleine Robinson à l’heure de la pause devant l’ancien moulin du château, ainsi que quelques scènes tournées au château de Fougères.

La petite histoire veut d’ailleurs qu’au moment de la sortie du film, le maire, mécontent, aurait brillé par son absence malgré la présence du préfet : « Il trouvait qu’il n’y avait pas assez de scènes tournées à Fougères et trop au Rocher Portail » confie Manuel Roussel… (extrait de l’article de La Chronique Républicaine du 8 août 2019)

Situé au nord de Saint-Brice-en-Coglès (commune nouvelle de Maen-Roch), près de Fougères, le domaine du Rocher Portail est ouvert tous les jours de 10h00 à 18h00.

Les animations et conditions d’accès sont affichées sur le site du Rocher Portail.
 

La mémoire des Guerres de Vendée à Saint-Paul-du-Bois

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L’Office de Tourisme du Choletais proposait jeudi dernier une visite guidée des lieux de mémoire des Guerres de Vendée à Saint-Paul-du-Bois, à commencer par la chapelle Notre-Dame de Haute-Foy, toujours très fréquentée. Toutefois nombre de sites historiques, de massacres surtout, demeurent très peu connus.

Saint-Paul-du-Bois 1La chapelle Notre-Dame de Haute-Foy
  

Cette visite a été menée sous la houlette de Gérard Guinefolleau, un Saint-Paulais passionné par histoire et le patrimoine de sa commune, mais qui dévie bien souvent vers son autre sujet de prédilection, la géobiologie. Formé par le célèbre abbé Alexandre Perraud, il n’hésite pas à mettre à contribution ses talents de radiesthésiste pour confirmer les récits transmis pour l’essentiel par la tradition orale, en particulier lorsqu’il s’agit de retrouver les traces des massacres de 1794.

La chapelle Notre-Dame-de-Haute-Foy

La première étape était fixée à Notre-Dame de Haute-Foy, une chapelle située à l’écart du bourg, en bordure du bois de la Gaubertière jadis bien plus étendu. Cet endroit reculé abrita des messes clandestines sous la Terreur. Il ne reste qu’un élément de l’ancienne chapelle, le clocheton du pignon de la façade, désormais posé au sol. L’édifice fut en effet entièrement reconstruit en 1851.

Saint-Paul-du-Bois 2L'ancien clocheton de la chapelle, et le nouveau
 

Six vitraux riches en couleurs racontent dans la petite nef l’histoire des lieux, notamment dans la travée centrale deux épisodes des Guerres de Vendée à Saint-Paul-du-Bois. Le premier porte en légende : « En 1795, Massicot, chef de quartier à St Paul, et quelques chasseurs de Stofflet endurcis par la guerre, menacent l’abbé Bouchet qui leur a rappelé certaines règles de morale chrétienne ». On trouve le récit de cette anecdote dans l’Histoire de la Vendée par l’abbé Deniau (t. V, pp. 115-116) :

« Ce Massicot (charbonnier à Saint-Paul-du-Bois) et quelques autres de ses soldats étaient de ces Royalistes que la licence des camps avait rendus immoraux et cruels. Comme ils s’étaient permis de graves outrages envers des femmes vertueuses, M. Bouchet, vicaire de Montreuil-Bellay, et nommé desservant de Saint-Paul-du-Bois, s’éleva énergiquement contre leurs désordres au prône de la messe qu’il célébrait à la chapelle de Haute-Foi et quatre chasseurs de Stofflet, qui en furent avertis, entrèrent en fureur contre ce prêtre. Massicot voulut même s’introduire à cheval dans la chapelle, au moment du saint sacrifice de la messe, pour se venger des invectives de M. Bouchet. La foule eut beaucoup de peine à réprimer sa colère, et à l’arrêter dans son criminel dessein.»
  

Saint-Paul-du-Bois 3Les deux verrières des Guerres de Vendée
  

Il reste à vérifier s’il s’agit bien de l’abbé Bouchet, car le Dictionnaire du Maine-et-Loire mentionne de son côté Gabriel-André Brunet de La Charie, « vicaire rétracté de Montreuil-Bellay », qu’on trouve, lui, dans le registre paroissial de Saint-Pierre. Ce dernier sera arrêté et tué par les Bleus à des dates variables selon les sources, de décembre 1795 à avril 1796. Ce ne sont pas les seuls à soulever quelques questions. François Grille, par exemple, cite un « nommé Laussat, vicaire de Saint-Paul-du-Bois » qui « avait imaginé de communier les patriotes malades avec des hosties empoisonnées » (La Vendée en 1793, t. I, p. 84). Or, nulle trace de ce Laussat ne figure dans les registres. Naturellement, le très républicain Célestin Port ne manqua pas de recopier cette affirmation.

Le second vitrail de Notre-Dame de Haute-Foy montre un combattant vendéen revenant chez lui pour y trouver sa femme égorgée et sa petite fille encore vivante. Il s’exclame en légende : « Mère, ton Fils a pardonné… Apprends-moi à l’imiter ». Dans le chemin passe une troupe de Vendéens conduite par La Rochejaquelein, Stofflet, Bénard (de la Redrèze), capitaine de la paroisse, et Paul Essioux, ancien grenadier aux gardes françaises qui fut blesséà Coron le 11 avril 1793. Tous sont pris à témoin devant le martyre des habitants de Saint-Paul.

Des lieux de massacres tout autour de Saint-Paul-du-Bois

Après cette visite de la chapelle et un passage à la fontaine voisine, Gérard Guinefolleau nous a amenés à l’endroit où s’élevait autrefois la « croix du houx ». C’est ici que des habitants cachés dans les bois alentour, surpris par les Bleus, furent exécutés. En souvenir de ce drame, les paysans prirent l’habitude de tailler un houx en forme de croix. L’arbuste a hélas disparu depuis lors, mais une autre croix de ciment hérissée de pointes métalliques, dangereuse évocation du vieux houx, fut érigée à proximité.
  

Saint-Paul-du-Bois 9Le manoir de la Gaubertière, QG de La Rochejaquelein et Stofflet
  

Nous avons ensuite fait étape au manoir de la Gaubertière, belle demeure rebâtie au XVIIIe siècle (la tour date du XIXe), où La Rochejaquelein et Stofflet établirent un temps leur quartier général, puis sur la petite route de la Giraudière à la Rainsonnière. Là, près d’un puits aujourd’hui caché, des Saint-Paulais pensèrent trouver un refuge sûr, mais furent débusqués par des soldats républicains qui les traînèrent et en massacrèrent quelques-uns sur le chemin, avant de tuer tous les autres à la sortie du village de la Raisonnière. On exhuma les restes des victimes, beaucoup de crânes, du fond de la mare qu’on voyait à l’époque sur le cadastre ancien de Saint-Paul-du-Bois.

Ce hameau déjà conséquent à la fin du XVIIIe siècle, a conservé une vieille masure de torchis, exemple rarissime des maisons rurales contemporaines des Guerres de Vendée, encore « dans son jus »à l’intérieur.
  

Saint-Paul-du-Bois 12Un ancien four à pain dans lequel une femme aurait été brûlée vive
  

Après cela nous avons pris route de Saint-Hilaire-du-Bois pour découvrir dans une ferme le vestige d’un four à pain dans lequel, dit-on dans ce pays, une femme fut brûlée vive par les Bleus. La fin du parcours n’était guère plus souriante, puisqu’à Maurepas, c’est une jeune femme qui fut violée par les soldats.

De retour dans le bourg de Saint-Paul, Gérard Guinefolleau a retracé l’histoire des reconstructions de l’église et de sa nef à rallonges. Il n’a pas manqué de clore son exposé par le récit de la mort du curé jureur Jacques-Joseph-Mathias Delahaye qui allait jusqu’à chanter la Carmagnole en chaire ! Son hostilitéà l’égard des insurgés lui valut d’être abattu par Henri de La Rochejaquelein lui-même, à ce qu'on prétend, derrière ce qui fut le cimetière des moines (l’endroit nous a été indiqué), autour du 21 janvier 1794 selon notre guide. On lit cependant dans Les Vendéens d’Anjou de Claude Petitfrère, que cette exécution sommaire aurait eu lieu le 31 décembre 1793 (p. 192).
  

Saint-Paul-du-Bois 14Le côté nord de l'église de Saint-Paul-du-Bois
  

On peine à imaginer qu’autant d’événements aient eu pour théâtre cette paroisse vendéenne dont les historiens parlent si peu. Elle souffrit pourtant, plus que beaucoup d’autres, des malheurs de la guerre, sa population passant de plus de mille habitants au début de la Révolution à seulement 466 en 1801. Ce serait rendre justice à tous les disparus que de placer sur quelques-uns des sites visités une signalétique rappelant l’histoire tourmentée de Saint-Paul-du-Bois.
  


Quelques détails des vitraux de Notre-Dame de Haute-Foy :

Saint-Paul-du-Bois 4La Rochejaquelein et Stofflet

Saint-Paul-du-Bois 5Des victimes des massacres à Saint-Paul-du-Bois

Saint-Paul-du-Bois 6Massicot et des chasseurs de Stofflet
  

La trilogie de Juliette Chaux-Mazé aux Sables-d'Olonne

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La saison culturelle du casino Les Atlantes, aux Sables-d'Olonne, compte nombre de spectacles, expositions, conférences, mais aussi des présentations littéraires où des auteurs sont invités à parler de leur œuvre. La prochaine date, le 13 septembre 2019, sera dédiée à Juliette Chaux-Mazé et à sa trilogie Bleu Rêve, Blanc Roy, Rouge Sang. 

Juliette

Publiée aux éditions Ella d'avril 2016 à février 2017, la trilogie Bleu Rêve, Blanc Roy, Rouge Sang nous entraîne en pleine Révolution française, pour suivre le périple d'une jeune héroïne engagée aux côtés d'Henri de La Rochejaquelein. Enseignante et passionnée d’histoire, Juliette Chaux-Mazé présentera non seulement son processus d’écriture d’un roman historique, mais également son travail d’illustratrice. Ses ouvrages sont en effet semi-graphiques, un mode de narration original qui consiste à placer des planches illustrées lors des temps forts du récit pour prendre le relai du texte, ce qui ouvre un véritable dialogue entre l'écrit et l'image. 

La présentation littéraire de Juliette Chaux-Mazé aura lieu le vendredi 13 septembre 2019, à19h00, au casino Les Atlantes, salle Poséidon (au 1er étage). L'entrée est gratuite. 
   

C’est le Far-West dans le Maine-et-Loire à l’été 1799

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Branle-bas de combat chez les républicains angevins en thermidor de l’an VII (juillet-août 1799) ! Les Chouans mènent une véritable guérilla, autant dans les Mauges que dans le Haut-Anjou. Les diligences sont attaquées de toutes parts, à tel point que le service doit être arrêté sur quasiment toutes les routes. 

Attaque de ChouansAttaque d'une diligence par les Chouans
  

« Les chouans (1) sont en force dans le département de Maine-et-Loire. Ils dévastent, ils assassinent, et les habitants n’opposent aucune résistance ; la crainte d’être victimes les rend sourds à toute invitation… » C’est ainsi que Fouché fait état de la situation au directoire exécutif dans un rapport daté du 4 octobre 1799 (2).

Le ministre de la police générale ajoute que « les voitures publiques sont régulièrement arrêtées entre Angers et Nantes, le Mans et Angers ». Les Affiches d’Angers mentionnent ces attaques dignes de l’Ouest américain tout au long du mois de thermidor an VII (juillet-août 1799).

« 6 hommes à plumets blancs avaient arrêté la diligence… »

« Le 2 de ce mois (20 juillet 1799), entre Angers et Beau-Site ci-devant Saint-Georges (3), les chouans, au nombre d’environ 200, ont arrêté le courrier de la malle (4) ; cette expédition faite, ils dirigeaient leur marche sur Beau-Site dont ils se sont approchés à demi-lieue, et de là ont tiré quelques coups de fusil (…) Deux jours avant, 6 hommes à plumets blancs avaient arrêté la diligence à la Roche (5). On sait aussi que 80 chouans se sont portés à Seiches à la même époque, et qu’ils ont pris les chevaux et les armes des gendarmes » (Affiche d’Angers, 6 thermidor an VII).

« La diligence partant d’Angers pour Nantes, le 15 de ce mois (2 août 1799), a été arrêtée trois fois en moins de deux lieues, entre Angers et Beau-Site ; d’abord, cinq hommes armés de huit fusils, ne trouvant rien à piller dans la voiture, forcèrent le conducteur à leur donner 12 francs pour avoir, dirent-ils, du tabac (…) Plus loin, 15 à 16 hommes firent la même perquisition, trouvèrent une caisse de modes et rubans, la prirent en disant que ce serait bien joli d’en avoir à leurs boutonnières (…) Le même jour, la diligence partant d’Angers pour Paris, a été arrêtée près Foultourte (6). Les brigands ont fait feu, et ont blesséà mort le plus beau et le meilleur cheval de l’équipage. Le courrier de la malle, parti du Mans, le 19 au soir, a été arrêté, dans la nuit, entre la Flèche et Durtal, par environ 12 chouans (…) Le courrier de Nantes à Angers a également été arrêté la nuit du 20 au 21, entre Varades et Ancenis (…) Ils ont désarmé un militaire qui était dans la voiture, après avoir menacé de le fusiller. Les deux dragons qui escortaient le courrier, voyant que la résistance était inutile, se sont sauvés » (Affiches d’Angers, 22 thermidor an VII). 

La poste interrompt son service sur les routes du Maine-et-Loire

L’administration centrale du département du Maine-et-Loire a riposté par un arrêté du 7 thermidor an VII (25 juillet 1799) mettant en réquisition les citoyens inscrits au rôle de la garde nationale dans les communes encore fidèles à la République : Nueil-sur-Layon, Doué, Martigné-Briand, Thouarcé, Chalonnes, Les Ponts-Libres (7), Seiches, Jarzé, Fougeré, Baugé, Mazé et Brissac. 

On apprend aussi, le 22 thermidor (9 août), que « l’arrivée très prochaine de dix mille hommes mettra bientôt un terme à ces brigandages, et ramènera la sûreté des routes et la tranquillité dans nos contrées. En attendant, l’administration des messageries vient de suspendre le service sur les routes de Nantes à Paris par le Mans, et d’Angers à Paris aussi par le Mans. Elle conserve seulement celui d’Angers à Paris, par la levée ». La Vallée, entre Angers et Saumur, demeure en effet la seule partie du département encore préservée des attaques de Chouans.
  


Notes          

  1. En 1799, le terme « chouans » désigne indistinctement les rebelles royalistes des deux rives de la Loire.
  2. F. Uzureau, Le Maine-et-Loire en 1799, L’Anjou historique, 1903-1904, p. 534.
  3. « Beau-Site » est le nom révolutionnaire de Saint-Georges-sur-Loire.
  4. La malle-poste était une voiture hippomobile destinée au courrier, mais qui pouvait aussi transporter des passagers.
  5. Peut-être la Roche-aux-Moines, près de Savennières.
  6. Cérans-Foulletourte, entre La Flèche et Le Mans.
  7. Nom révolutionnaire des Ponts-de-Cé.
      

Marie Martin, épouse, sœur et demi-sœur de combattants vendéens

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En explorant l’environnement familial de mon aïeule Marie Martin (1768-1848), j’ai découvert que son époux, Louis Delahaye (1767-1825), n’était pas le seul de ses proches à avoir pris les armes en 1793.

Genealogie Marie MartinGénéalogie simplifiée de Marie Martin
(les combattants vendéens sont entourés en rouge)
  

Marie Martin est née le 3 décembre 1768 à Saint-Martin de Beaupréau, de l’union de Charles Martin (originaire du Fuilet) et de Jeanne Chevallier. Elle avait deux frères : Charles, né le 14 août 1771 à la Polissière, en Saint-Martin de Beaupréau, et René, né le 7 février 1775 au même endroit.

Charles Martin, le frère

On sait que le premier s’engagea dans le soulèvement de mars 1793 grâce au dossier de pension qu’il déposa en 1825. Lhuillier, Soyer et Supiot, chef et officiers de la division de Beaupréau, y certifient que « Charles Martin, âgé de cinquante-quatre ans, métayer à la Polissière… a pris avec nous les armes dès l’origine des Guerres de la Vendée ; qu’il a toujours été constamment dévouéà son Roi ; enfin qu’il s’est toujours comporté avec honneur et distinction ».

Un autre document précise que Charles s’est réuni « aux compagnies royales de St Martin sous le général d’Elbée », qu’il prit les armes et se battit à Saint-Florent-le-Vieil, certainement le 12 mars 1793 car il est noté qu’il s’agissait du « commencement des hostilités de ce pays ». On le trouve ensuite à La Chapelle-du-Genêt (22 avril), au Bois-Grolleau (19 avril), à Coron (11 avril), à Fontenay (16 et/ou 25 mai), « enfin généralement à toutes les affaires de l’Anjou et Poitou, notamment à Martigné-Briant (15 juillet) où il reçut deux coups de feu ».

Charles Martin se maria avec Marie Vételé le 3 février 1796 à Beaupréau.

Ses états de service font un grand bon jusqu’en 1815 : pendant les Cent Jours, Charles « reprit les armes avec les compagnies royales de la dite commune de Beaupréau, dans la division de Monsieur Lhuillier, et se battit à Roche-Servière ». On apprend en outre qu’une « partie de sa famille, notamment un de ses frères (sûrement René), ont été victimes de leur dévouement à la même Cause ».

Louis Delahaye, le mari

Charles Martin combattit dans l’armée de d’Elbée aux côtés d’un certain Louis Delahaye (l’arrière-grand-père de mon arrière-grand-père), qui habitait le hameau des Grandes Places situé non loin de la Polissière. Cette proximité et la fraternité d’armes qui les liait furent peut-être à l’origine du mariage qui unit à Beaupréau, le 12 juin 1795, Louis avec Marie, la sœur de Charles.

Âgé de 25 ans lors du soulèvement vendéen, Louis « fut l’un des premiers à prendre les armes », lit-on sur une lettre signée des chefs de la division de Beaupréau. Il dut être de ceux qui vinrent chercher M. d’Elbée à la Loge – ils étaient de la même paroisse, Saint-Martin de Beaupréau. « Il s’est battu à Saint-Florent, Cholet, Chemillé, Beaupréau, Luçon, Martigné, Chantonnay… Il a passé la Loire avec l’armée vendéenne le 18 octobre 1793. » C’est alors qu’il fut gravement blesséà la main gauche, au combat de Laval.

Louis parvint à repasser la Loire, rejoignit La Rochejaquelein et Stofflet, prit part à la bataille de Gesté contre les Colonnes infernales de Cordelier et de Crouzat. On n’en apprend pas plus sur ses faits d’armes après cette date. Un document ajoute que ses deux jeunes frères furent massacrés par les républicains, avec deux servantes et deux autres personnes à la ferme de l’Onglée (en face de la Polissière, du côté du Fief-Sauvin), après le combat de Beaupréau (14 février 1794). À ce tableau des malheurs figure l’inventaire des pertes qu’il a subies : trois bœufs et un troupeau de vingt moutons saisis par les Bleus, le mobilier et le linge incendiés, etc.

AM Marie MartinL'attestation du mariage de Louis Delahaye et Marie Martin dans les reconstitutions d'actes perdus pendant la guerre civile (A.D. 49)
  

Jacques Petiteau, le demi-frère

À partir de 1795, Marie Martin se trouvait ainsi bien entourée d’un mari et d’un frère, combattants vendéens. Mais ce n’était pas les seuls dans la famille. Jeanne Chevallier, la mère de Marie, avait eu plusieurs enfants d’un premier lit, avec Jacques Petiteau (1728-1764). L’aîné, prénommé Jacques comme son père, était né le 23 avril 1755 à la Polissière, et lui aussi fit une demande de pension en 1825. La formulation ne manque pas d’originalité puisqu’elle énumère pour l’essentiel tout ce que l’intéressé a fourni à l’armée vendéenne : bœufs, charrettes de foin, boisseaux de froment, etc., sans oublier les bons signés Stofflet, « remboursables à la paix ».

S’il n’est pas fait état des batailles auxquelles Jacques Petiteau participa, ses malheurs familiaux sont toutefois évoqués : « Il a perdu par le fer de l’ennemi sa mère, sa première femme, son frère, et un enfant en bas âge ». Jeanne Chevallier n’a pourtant pas été tuée pendant les Guerres de Vendée : elle est décédée le 23 juin 1818 à Beaupréau. Parlait-il en fait de sa belle-mère ? Il doit dire vrai, en revanche, pour sa première femme, Renée Mênard, dont on ne trouve pas la trace du décès, mais on sait que Jacques se remaria avec Renée Robet le 16 août 1796.

Dernier détail : Jacques Petiteau était aussi le parrain de sa demi-sœur. Marie Martin était donc sœur, demi-sœur, filleule et épouse de combattants vendéens. Elle mourut aux Grandes-Places de Beaupréau le 1er février 1848.
  

AB Marie MartinL'acte de baptême de Marie Martin en 1768…

AD Marie Martin… et son acte de décès en 1848 (A.D. 49)
  

2 septembre 1792, un Vendéen massacré aux Carmes

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Originaire de Challans, Jacques-Augustin Robert de Lézardière fut par deux fois emprisonné, en 1791 et en 1792. La seconde incarcération lui fut fatale, puisqu’il figure au nombre des victimes des « Massacres de Septembre ».

Augustin de Lezardiere 1Portrait du bienheureux Augustin de Lézardière,
vitrail de l'église des Lucs-sur-Boulogne
  

Né au château de la Vérie, paroisse Notre-Dame de Challans, le 27 novembre 1768, Jacques-Augustin Robert de Lézardière suivit sa famille lorsque celle-ci s’établit quatre ans plus tard au château de la Proutière, paroisse de Poiroux. L’endroit est connu pour avoir servi de cadre à un complot de nobles du Bas-Poitou en juin 1791, à la même époque que la « fuite à Varennes ». Cette « affaire de la Proutière » fut étouffée dans l’œuf par les autorités sablaises, le château incendié, les partisans du roi dispersés ou capturés, à commencer par plusieurs membres de la famille Robert de Lézardière.

L'abbé de Lézardière est emprisonnéà l'été 1791…

Jacques-Augustin, élève au séminaire de Saint-Sulpice à Paris depuis 1787, ordonné diacre le 15 avril 1791, fut arrêté lui aussi tandis qu’il cherchait à rejoindre les siens, puis envoyéà la prison de La Roche-sur-Yon. Son père, trois de ses frères, Paul-Toussaint, Sylvestre et Charles, qui tentaient de se rendre à Nantes, furent reconnus à Saint-Fulgent, enfermés à Montaigu le 30 juin, avant d’être transférés à leur tour à La Roche-sur-Yon. Tous furent conduits aux Sables, à la prison de la Coupe, où ils arrivèrent le 4 juillet. Le procès traîna tout l’été ; il aboutit à la libération de tous les prisonniers de la Proutière le 26 septembre 1791 (1). L’abbé de Lézardière put ainsi regagner le séminaire de Saint-Sulpice peu après sa libération.

… puis à nouveau à l'été 1792

Il eut mieux fait de demeurer en Vendée. L’été 1792 était autrement plus dangereux à Paris. L’abbé de Lézardière ne put échapper à la répression farouche qui s'abattait sur les ecclésiastiques réfractaires au serment constitutionnel. Arrêté au mois d’août, il fut jeté en prison dans l’ancien couvent des Carmes. C’est là qu’il se trouvait le dimanche 2 septembre 1792 lorsqu’il fut massacré aux côtés d’une centaine de religieux victimes de la rage d’un groupe de révolutionnaires. Les archives du Saint-Siège conservent le récit de ce drame rédigé par un rescapé, l’abbé de La Pannonie, chanoine du Vigan :

« Vers les quatre heures, nous entendons de grandes clameurs au voisinage ; peu de temps après, nous apercevons un groupe de forcenés qui nous montrent leurs piques au travers des barreaux d’une fenêtre. Nous ne doutâmes plus alors qu’ils vinssent pour nous égorger et nous nous empressâmes de nous demander et donner les uns aux autres l’absolution… Notre garde ne tarda pas à disparaître. Les assassins entrent dans le jardin, armés de fusils à baïonnettes, de piques et de pistolets, massacrent le premier qu’ils rencontrent… » (2)

Ces tueries se répandirent dans les prisons parisiennes, mais aussi ailleurs en France, jusqu’au 6 septembre 1792. L’Église a béatifié 191 de ces martyrs le 17 octobre 1926. L’abbé de Lézardière compte parmi ces bienheureux.

Augustin de Lezardiere 2L'inscription au bas du vitrail de l'abbé de Lézardière aux Lucs-sur-Boulogne
  


Notes :

  1. Simone Loidreau, Juin 1791, l’affaire de la Proustière, une machination politique, Revue du Souvenir Vendéen n° 175 (juin-juillet 1991), pp. 13-29.
  2. Philbert Doré-Graslin, À Challans, le Souvenir Vendéen a rendu hommage au bienheureux J.-A. de Lézardière, Revue du Souvenir Vendéen n°181 (décembre 1992), p. 21.
      

AB Augustin de LezardiereL'acte de baptême de Jacques-Augustin Robert de Lézardière, A.D. 85, état civil de Challans, registres paroissiaux, 1766-1769, vue 56/78 
   

Inauguration de la nouvelle Croix des Malheurs à Vallet

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Après plusieurs mois de chantier, l’association S.O.S. Calvaires de Vallet a achevé la reconstruction complète de la Croix des Malheurs, avec le soutien financier du Souvenir Vendéen. Ce monument emblématique des Guerres de Vendée dans la capitale du Vignoble sera inauguré le mercredi 4 septembre 2019, à 11h00.

Croix des Malheurs 1La nouvelle Croix des Malheurs
  

Nous avons suivi les étapes de cette reconstruction ambitieuse, chapeautée par Claude Morinière, maçon de l’association : en décembre 2018, l’ancienne croix de bois avait été démontée ; un nouveau socle en ciment a pris sa place, bien plus imposant, avec des encadrements de pierres de granit. En janvier 2019, deux niveaux de marches, également en granit, entouraient sa base. En février, on coulait la grande croix en béton précontraint dans un atelier du Pallet, avant de la livrer sur place pour la sceller dans la maçonnerie.

Les dernières opérations ont été menées cet été : finition du socle avec pose de la plaque du Souvenir Vendéen (elle aussi entièrement restaurée), nettoyage des abords, peinture de la croix en blanc et fixation du Sacré-Cœur récupéré sur l’ancien monument.

La nouvelle Croix de Malheurs sera inaugurée le mercredi 4 septembre 2019, à 11h00. Elle se situe après la sortie de Vallet, sur la route d’Ancenis, D763. Il sera possible de pique-niquer à proximité après la cérémonie.

Localisation de la Croix des Malheurs (cercle rouge) :

Carte 1


Quelques photos de la Croix des Malheurs :

Croix des Malheurs 6

Croix des Malheurs 2

Croix des Malheurs 3

Croix des Malheurs 4

Croix des Malheurs 5  


Le curé d’Yzernay défend son frère et tacle la « Petite Église »

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Parmi les dossiers de pension des anciens combattants vendéens mis en ligne par les Archives du Maine-et-Loire, il en est un qui surprend par son contenu, très différent des documents qu’on y trouve habituellement, celui de René Nicolas, « ancien officier des armées royales ». 

Yzernay AD 49Ruinée par les Guerres de Vendée, l'église Saint-Hilaire d'Yzernay fut reconstruite en 1828, sauf le clocher du XVIIIe siècle, aujourd'hui disparu (A.D. 49, 11 Fi 6494)
  

Les Archives du Maine-et-Loire sont les seules à avoir indexé individuellement, grâce à des bénévoles, les dossiers de pensions des anciens combattants vendéens issus de ce département, qui a d’ailleurs fourni les plus forts contingents à la cause royaliste. On y découvre d’ordinaire des pièces justifiant les états de service des demandeurs, un extrait d’acte de baptême, voire des certificats médicaux attestant d’éventuelles blessures.

On en déniche parfois quelques-uns qui diffèrent dans leur forme, comme celui attribuéà René Nicolas, titré avec un point d’interrogation plein d’incertitude car le prénom n’apparaît pas dans les documents. Le doute s’estompe quand on apprend l’identité de son frère, qui intervient dans les échanges de courriers : « M. Nicolas, desservant de la commune d’Izernay », c’est-à-dire d’Eugène-Prosper Nicolas, curé d’Yzernay de 1819 à 1825. Le demandeur de pension est donc bien René Nicolas.

Les deux frères perdent leurs parents en 1794

Un petit mot sur la famille Nicolas, originaire de Mazières-en-Mauges, et sur les deux frères René et Eugène :

Le père, René-Sébastien, est né en 1758 et a épousé Marie-Françoise Fonteneau en 1777. Ce blanchisseur siégeait au comité royaliste de Cholet après la prise de la ville par les Vendéens, le 14 mars 1793. Il le paiera de sa tête. Il comparut le 8 janvier 1794 devant la commission militaire d’Angers, qui le condamna à mort. Il fut compris dans la fusillade du 12 janvier à la Haie-aux-Bonshommes d’Avrillé (1). On lit par ailleurs que son épouse aurait elle aussi péri en 1794.

Leur fils aîné, René, a été baptisé le 2 mars 1778 à Mazières-en-Mauges. Un peu trop jeune pour combattre dès 1793, il s’illustra surtout pendant la guerre de 1815, notamment à l’attaque sur les Échaubrognes, le 18 mai, sous les ordres d’Auguste de La Rochejaquelein. Il mourut à l'hospice Saint-Jacques de Nantes, le 17 septembre 1851. 

Leur autre fils, Eugène-Prosper, est né le 5 mars 1792. Le Dictionnaire du Maine-et-Loire rapporte qu’Eugène « est perdu à 15 mois près de Saint-Florent-le-Vieil lors de la déroute de Cholet. Recueilli par des soldats républicains et nourri par eux, il retrouve sa famille vers l’âge de 5 ans. Ordonné prêtre en 1817, il sera vicaire à N.-D. d’Angers, curé d’Yzernay, puis de 1825 à sa mort (le 2 septembre 1871) curé de Segré ».

Le dossier de pension de René Nicolas

La démarche de l’abbé Nicolas visait à obtenir qu’on convertît « en une pension de 1800 Fr le secours annuel d’égale somme qui avait été accordé sur la liste civile »à son frère, « ancien officier des armées royales » (2). Et le prêtre n’y va pas avec le dos de la cuillère dans le plaidoyer qu’il adressa au préfet le 8 septembre 1820 :

« Une chose m’étonne beaucoup, monsieur le préfet, c’est la modicité de la pension qu’on donne à mon frère, après l’avoir fait jouir, pendant un certain temps, de la demi-solde de colonel d’état major et l’avoir bercé des plus belles espérances, qui font maintenant son malheur (…) J’avais dessein de rappeler ces promesses, mais les affaires étaient menées d’une si triste manière, la fidélitéétait si méconnue, qu’il y avait une espèce de honte à demander, et encore plus à obtenir aujourd’hui, qu’enfin on semble ouvrir les yeux, et discerner les gens d’honneur des traîtres (…) En protégeant mon frère, vous consolerez la famille la plus cruellement et la plus injustement traitée de la Vendée… »

L’abbé Nicolas fait la chasse aux prêtres dissidents

Le post-scriptum de cette lettre sort complètement du contexte, mais peut-être avait-il pour but de montrer au préfet que le curé d’Yzernay était un allié utile aux autorités dans la lutte contre la « Petite Église » (3), très active dans le sud du Choletais, et par là même obtenir gain de cause pour son frère. Le voici in extenso :

« Je prends la liberté de vous demander de quelle manière légale on pourrait empêcher les prêtres dissidents, dits de la petite Église, d’administrer les sacrements dans ma paroisse. Ces prêtres nommément interdits par l’Évêque de Poitiers, qui s’en vont partout disant qu’on ne doit pas communiquer avec nous, parce que nous autorisons les acquéreurs de biens nationaux, peuvent-ils être tolérés comme on le dit par le gouvernement pour répandre le schisme et la révolte ? Les autorités requises pour faire cesser un pareil abus doivent-elles, peuvent-elles s’y refuser ? Si ces demandes sont raisonnables, je vous prie, monsieur le Préfet, d’y faire droit le plutôt (sic) possible ».

Il faut dire qu’à l’époque la moitié de la population d’Yzernay refusa le Concordat de 1801 et adhéra à la « Petite Église ». Les efforts des curés de la paroisse firent peu à peu diminuer ce chiffre tout au long du XIXe siècle.

Rene NicolasExtrait du dossier de pension de René Nicolas : le post-scriptum de l'abbé Nicolas demandant au préfet les moyens de lutter contre les dissidents de sa paroisse
(A.D. 49, 1 M 9/274)

  


Notes :

  1. Son interrogatoire a été publié par Charles Coubard dans la S.L.A. de 1958-1959, pp. 101-102. Le Dictionnaire du Maine-et-Loire de Célestin Port le confond avec un autre Nicolas, commandant une division sous les ordres de Stofflet, et qui fut « pris avec son neveu et trois autres chefs, et fusilléà Cholet le 1er de ce mois (20 février 1796) » d’après le Moniteur du 11 ventôse an IV (1er mars 1796). Le fils de ce Nicolas figure comme chef de bataillon dans la division de Cholet (J. Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée Militaire, t. V, p. 107), mais il est probable que ce soit plutôt le neveu. 
  2. Célestin écrit dans l'édition originale de son Dictionnaire du Maine-et-Loire (la note n'a pas été reprise dans l'édition révisée) que René Nicolas « jouissait en 1826 d'une pension de 1.800 fr., mais qu'en vertu d'ordres supérieurs il ne pouvait toucher qu'à Mazières, étant frappé de cette singulière folie, "de se croire d'un rang très-élevé et de demander publiquement en mariage des femmes de distinction, qu'il peut aborder" ». 
  3. Les prêtres et fidèles qui refusèrent le Concordat de 1801 entre la France et le Saint-Siège se constituèrent en une « Petite Église » et reçurent le nom de « dissidents ». Très présents dans le nord-ouest des Deux-Sèvres, qui relève du diocèse de Poitiers, ils débordaient également sur plusieurs communes limitrophes du département de la Vendée et sur le sud du Choletais.
      

Les Nicolas, une famille choletaise dans les Guerres de Vendée

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Pour approfondir mon article sur les deux frères Nicolas (René et Eugène), j’ai exploré plus avant leur arbre généalogique, que l’édition révisée du Dictionnaire du Maine-et-Loire qualifie de « complexe », tout en mélangeant allègrement les noms. 

Au risque de n’intéresser que les fondus de généalogie, je vais tâcher de démêler les différents membres de cette famille du pays choletais, au milieu de laquelle les historiens se perdent bien souvent. Elle le mérite en raison de son engagement dans les Guerres de Vendée. Afin d'y mettre d'emblée un peu de clarté, voici une généalogie simplifiée des personnages qui vont suivre :

Genealogie Nicolas  

Le Dictionnaire du Maine-et-Loire confond deux Nicolas

Célestin Port, dans l’édition originale de son Dictionnaire du Maine-et-Loire (1), écrit que René-Sébastien Nicolas (le père), « néà Mazières, blanchisseur à Cholet, membre du comité royaliste de Cholet, y commandait en l’an IV une division sous les ordres de Stofflet. Le Moniteur du 11 ventôse annonce qu’il vient d’être pris, avec son neveu et trois autres chefs, et fusilléà Cholet… » C’est en partie inexact car il y a deux personnages confondus dans cet énoncé. La suite de la notice, que je ne reproduis pas étant donné qu'elle ne comporte pas d’erreur, concerne le fils, René Nicolas, le demandeur d’une pension.

L’édition révisée du Dictionnaire du Maine-et-Loire tente de rectifier l’information, tout en embrouillant davantage les choses : Elle cite d’abord « René-Sébastien, néà Mazières le 20 janv. 1758, blanchisseur à Mazières puis à Cholet, épouse le 5 fév. 1777 Marie-Françoise Fonteneau de Mazières. Il est membre du comité royaliste. Il commandait en l’an IV une division sous les ordres de Stofflet. Le Moniteur du 11 ventôse (1er mars 1796) annonce qu’il “vient d’être pris avec son neveu et trois autres chefs, et fusilléà Cholet le 1er de ce mois” (20 février 1796) » ; puis elle ajoute un autre René (qui est pourtant le même que celui des deux premières phrases du précédent), « néà Mazières, blanchisseur à Cholet, (il) comparut devant la commission militaire d’Angers pour avoir été membre du comité de Cholet le 28 déc. 1793 et fut fusillé le 12 janv. 1794 à la Haye-aux-Bonshommes ». Suit également un mot sur le fils, René Nicolas.

Comme je l’ai dit précédemment, René-Sébastien, néà Mazières en 1758 et marié en 1777 avec Marie-Françoise Fonteneau, était bien blanchisseur à Cholet, membre du comité royaliste de la ville. En revanche il n’a jamais été divisionnaire de Stofflet en l’an IV, et pour cause, il a été fusilléà Avrillé le 12 janvier 1794. Les deux premiers René cités par l’édition révisée du Dictionnaire de Célestin Port sont donc bien enchevêtrés.

Jean Nicolas, chef de la division de Cholet, tué en février 1796

Mais alors, qui est cet autre Nicolas, commandant une division sous les ordres de Stofflet ? Les historiens ne le mentionnent que sous son nom : « La division de Cholet fut commandée par Nicolas, brave métayer de Nuaillé… » (2). Il doit s’agir du frère de René-Sébastien, prénommé Jean. Né le 28 mars 1765 à Mazières-en-Mauges, il s’était mariéà Nuaillé le 4 août 1790 avec Françoise Gourdon, de cette paroisse.

Sa fin nous est connue par le récit de Michel-Antoine Coulon, qui fut un temps le secrétaire de Stofflet : « Ce fut pendant notre séjour dans la forêt (de Maulévrier) que le brave Nicolas, chef de la division de Cholet, fut attaquéà la Brarderie (3) et y périt victime de son courage, avec les braves Charieu jeune et Renou ; Fontaine, de Maulévrier, et le jeune Nicolas y furent faits prisonniers : le premier fut fusilléà Cholet et le second envoyé prisonnier d’État à Limoges » (4). Contrairement à ce qu’annonce le Moniteur, Jean Nicolas a été tué au combat et n’a pas été fusilléà Cholet.

CadastreLa Brarderie (ici notée Brardière) sur le cadastre ancien de Maulévrier, daté de 1810 (A.D. 49). La Durbellière, visible en haut, n'a bien sûr rien à voir avec le château d'Henri de La Rochejaquelein.
  

En recherchant dans le fonds du S.H.D. aux Archives de la Vendée, je suis tombé sur le rapport du capitaine Devillers au général Hoche, qui décrit les circonstances du combat où périt Jean Nicolas :

« Le premier bataillon de la 50e demi-brigade d’infanterie cantonné au village de Maulévrier reçut le 29 du mois dernier (soit le 18 février 1796) l’ordre de faire le soir même une marche nocturne autour de son emplacement à l’effet de fouiller les bois et métairies qui l’environnent. Parvenu à celle nommée la Borderie (la Brarderie), le commandant arrêta la troupe et la disposa de manière à ne laisser échapper à la vengeance républicaine aucun des brigands qui auraient pu s’y réfugier ; il détacha ensuite un officier et 4 hommes à qui il donna l’ordre de chercher partout. Ceux-ci parvinrent dans l’endroit où se trouvaient cinq brigands qui engagèrent le feu. L’officier et un de ses quatre hommes furent dangereusement blessés, trois des brigands voulant fuir à travers d’une croisée ont reçu la mort (le dieu de nos armes a voulu que le scélérat Nicolas, chef de division de Stofflet soit du nombre). Les deux autres qui font l’objet du jugement ont été se cacher dans un grenier où ils furent poursuivis. Ne tirez pas, leur dit-on, et rendez-vous, il ne vous sera pas fait de mal… » (5)

AD 85Extrait de l'interrogatoire de René« Fonteneau », qui n'est autre que René Nicolas
(A.D. 85, SHD B 5/35-81)
  

René Nicolas et René Fonteneau ne font qu’un

Ce fut vrai seulement pour le plus jeune, comme le montre la suite du document qui fait état des interrogatoires, des témoignages de soldats républicains présents à cette affaire, et du jugement des deux survivants : Pierre Fontaine, 20 ans, tisserand originaire de Maulévrier, « réputé adjudant-major chef », fut condamnéà mort ; René Fonteneau, 18 ans, natif de Mazières et blanchisseur, fut épargné en raison de son âge et de « la manière dont il a été instigué par un oncle qui était divisionnaire des brigands » ; on le condamna à quatre mois de prison et une amende égale à la moitié de son revenu.

René« Fonteneau » ? Coulon l’appelle pourtant « le jeune Nicolas ». S’il avait 18 ans en 1796 (il est donc né en 1778), qu’il était originaire de Mazières-en-Mauges, blanchisseur avant la Révolution, et en outre neveu de Jean Nicolas, il ne pouvait être que René Nicolas, celui-là même qui fit une demande de pension appuyée par son frère Eugène, curé d’Yzernay. C’est par conséquent sous le nom de sa mère, « Fonteneau », qu’il se déclara aux républicains lors de son interrogatoire. L’affaire aurait mérité de figurer dans son dossier de pension.

Chez Crétineau-Joly, le fils Nicolas est en réalité le neveu

Concluons en extrayant de l’Histoire de la Vendée militaire, de Jacques Crétineau-Joly, la mention du nom de Nicolas dans l’état de l’armée de d’Autichamp en 1815 (6). Il s’en trouve un, cité comme chef de bataillon et garde du corps, dont le « père, chef de la division (de Cholet), fut tué en 1796 ». On lit plus loin qu’il « a très bien fait la guerre de 1799… »

Difficile de croire qu’il s’agisse du fils aîné de Jean Nicolas, né en 1791 et donc âgé de 8 ans lors de la guerre de 1799 ! C’est en fait son neveu, le fameux René Nicolas de l’affaire de Maulévrier en février 1796, du combat des Échaubrognes en mai 1815, et demandeur d’une pension sous la Restauration.
  


Notes :

  1. Ce Dictionnaire de Célestin Port est consultable dans ses deux éditions, originales et révisée, sur le site des Archives du Maine-et-Loire.
  2. Théodore Muret, Histoire des Guerres de l’Ouest, t. II, p. 165 (réédition Pays et Terroirs).
  3. Métairie située près du château de la Frogerie, entre Maulévrier et Mazières-en-Mauges.
  4. Revue de Bretagne et Vendée, 1877, 2e sem., p. 183.
  5. Archives de la Vendée, Archives militaires de la guerre de Vendée conservées au Service historique de la Défense, SHD B 5/35-81, 24 février 1796.
  6. Tome V, p. 407.
      

Le général Canclaux dans le futur métro de Nantes

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Le projet du collectif « Métro de Nantes » a été dévoilé cette semaine. Sur les 19 stations de son tracé, un nom évoque la Révolution et les Guerres de Vendée, celui de Canclaux.

CanclauxLe tracé du projet de métro de Nantes
  

Entré dans le métier des armes sous l’Ancien Régime, Jean-Baptiste-Camille de Canclaux (1740-1817) fut envoyé dans l’Ouest de la France en 1792, lorsque les premiers troubles contre la Révolution prenaient de l’ampleur. Nommé commandant en chef de l’armée des Côtes de Brest en avril 1793, il prit une part active à la défense de Nantes contre l’armée vendéenne, le 29 juin suivant.

Suspendu en octobre 1793, comme tous les officiers suspectés d’aristocratie (Biron, Grouchy, Aubert-Dubayet, etc.), il sera réintégré après la chute de Robespierre, et nommé commandant en chef de l’armée de l’Ouest en octobre 1794. Il se consacra alors pendant un an à la pacification de l’Ouest, notamment lors du débarquement de Quiberon en juin-juillet 1795, puis à nouveau en 1800, après un intervalle de quelques années où il s’était retiré des affaires militaires.

Il a donné son nom à une place de Nantes, près de laquelle devrait déboucher la future station de métro Canclaux. C’eût été rêver que de voir d’autres rues voisines choisies par les initiateurs du projet (qui ne relèvent pas de la mairie, ni de la métropole), comme la rue de Gigant ou la rue des Martyrs !
  

« 1793-1800. Souvenez-vous des jours d’autrefois »

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Sur une petite route de Saint-Laurent-de-la-Plaine, en haut des coteaux du Jeu, se dresse une stèle de granit très fine, surmontée d’une croix de fer. L’une des cinq pierres qui l’entourent porte un cœur vendéen et l'inscription : « 1793-1800. Souvenez-vous des jours d’autrefois ». Mais quelle est l’origine de ce monument ?

Saint-Laurent-de-la-Plaine 1La pierre gravée au pied de la stèle
  

Saint-Laurent-de-la-Plaine est connu à plus d’un titre dans les annales de la Grande Guerre de 1793, que ce soit pour son sanctuaire de Notre-Dame de Charité, l’un des principaux lieux de pèlerinages clandestins à l’été 1791 ; pour le héros de la paroisse, Sébastien Cady, à la fois chef de division chargé de la garde du Layon et chirurgien qui soignait sans distinction les Blancs et les Bleus ; ou encore pour son martyrologe de plus de 200 victimes.

Saint-Laurent-de-la-Plaine garde aussi le souvenir de ses deux vicaires, Joseph Moreau (1) et René Bourigault (2). À la mort de son curé, Charles-Gervais Bourdais, le 3 octobre 1791, la paroisse resta confiée à ces deux prêtres. Leur opposition au serment constitutionnel les contraignit cependant à quitter les lieux à peine un mois après, pour laisser la place au curé« jureur » Pinault. Refusant d’obéir à l’arrêté du 1er février 1792 qui ordonnait aux insermentés à résider à Angers, les deux vicaires entrèrent dans la clandestinité, pour ne reparaître qu’au moment de l’insurrection de mars 1793.

L'abbé Moreau, prêtre martyr béatifié en 1984

La proximité de Chalonnes imposait toutefois la prudence. L’abbé Moreau se réfugiait ainsi le plus souvent à la Grande-Rogerie pour y exercer son ministère. Il franchit la Loire avec l’armée vendéenne à Saint-Florent-le-Vieil, le 18 octobre 1793, survécut aux malheurs de la Virée de Galerne, et passa plusieurs mois dans la misère aux alentours de Craon durant l’hiver. Une patrouille républicaine le captura en avril 1794 dans une ferme de La Cornuaille, près de Candé, où il s’était caché dans un pailler avec un autre prêtre, l’abbé Humeau, vicaire d’Andrezé (3).

L'abbé Moreau fut conduit à Segré, puis à Angers où il comparut devant la commission militaire qui le condamna à mort pour avoir été« l’un des premiers moteurs du rassemblement contre-révolutionnaire des bandits qui se sont soulevés (…), imaginé des processions miraculeuses, au nom d’une soi-disant ste. Vierge placée dans un chêne, près s. Laurent-de-la-Plaine, qu’il faisait mouvoir à volonté, en la métamorphosant de toutes les manières, & selon les circonstances, du soi-disant miracle qu’il voulait opérer en son nom, etc. »

JExtrait des Affiches d'Angers du 10 floréal an II (29 avril 1794) donnant l'énoncé de la condamnation à mort de l'abbé Moreau (A.D. 49)
  

Il fut guillotiné le lendemain, 18 avril 1794, Vendredi Saint, sur la place du Ralliement. Le nom de l’abbé Moreau figure dans la liste des 99 martyrs angevins béatifiés par le Pape Jean-Paul II le 19 février 1984.

Une stèle de granit érigée en 1965

C’est en mémoire de ce prêtre, et de toutes les victimes de la Révolution à Saint-Laurent-de-la-Plaine, que Maurice Perrault, membre du Souvenir Vendéen, prit l’initiative d’élever par ses soins un monument près de la Grande-Rogerie.

Il érigea au bord de la route de Chalonnes à Saint-Lézin une haute stèle de granit rose extrait des carrières de Saint-Macaire-en-Mauges, haute de 4 mètres et surmontée d’une croix métallique. À sa base, une pierre gravée porte un double cœur vendéen et l’inscription « 1793-1800. Souvenez-vous des jours d’autrefois ». Ce mémorial fut béni le lundi des Rogations, 24 mai 1965, au cours d’une cérémonie paroissiale (4).
  


Quelques photos du mémorial :

Saint-Laurent-de-la-Plaine 2

Saint-Laurent-de-la-Plaine 3

Saint-Laurent-de-la-Plaine 4

Saint-Laurent-de-la-Plaine 5


Notes :

  1. Joseph-René Moreau est néà Saint-Laurent-de-la-Plaine le 21 octobre 1763.
  2. René Bourigault est néà Saint-Laurent-de-la-Plaine le 9 décembre 1761. Il resta caché dans sa paroisse et fit parapher par l’abbé Bernier le registre qu’il tenait. À la paix de Saint-Florent, en mai 1795, il rétablit le culte catholique et lança le projet de reconstruction de l’église. Le coup d’État du 18 fructidor le rejeta dans la clandestinité. Arrêté le 11 août 1798, il fut emmenéà Angers, enferméà la prison de la Rossignolerie, interrogé et condamnéà la déportation sur l’île de Ré. Libéré le 17 mai 1802, il rentra à Saint-Laurent-de-la-Plaine et y trouva son église rebâtie. Durant son absence, la paroisse avait été administrée secrètement par l’abbé Grellier, vicaire de Neuvy. Après le Concordat, l’abbé Bourigault fut nommé curé de Champtocé. Il mourut au Mans le 20 octobre 1837 (F. Uzureau, Arrestation d’un prêtre insermentéà Saint-Laurent-de-la-Plaine (1798), L’Anjou historique, 1926, pp. 54-58).
  3. « Surpris dans un pailler, près de Combrée (plutôt près de Candé), le 22 germinal an II (11 avril 1794), il (l’abbé Humeau) fut tué en cherchant à se sauver » (C. Port, Dictionnaire du Maine-et-Loire).
  4. Revue du Souvenir Vendéen, n°71 (juin 1965), pp. 20-21.
      

JL'acte de baptême de Joseph Moreau (A.D. 49)
  

Rencontre autour de Zoé de Bonchamps à Saint-Florent-le-Vieil

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Samedi prochain, Michèle Germain, gérante de la librairie ParChemins, invite le public à l’auditorium de l’abbaye de Saint-Florent-le-Vieil, à la rencontre d'une des descendantes de Bonchamps, Gwenola de Bouillé, qui a publié un récit historique : Zoé de Bonchamps, une femme dans le fracas de l'Histoire.  

Zoe de Bonchamps  
Zoé de Bonchamps était la fille du général vendéen qui, mortellement blessé, ordonna la grâce de cinq mille prisonniers républicains rassemblés dans l’abbaye de Saint-Florent-le-Vieil, le 18 octobre 1793.

L’engagement de son père et son acte de clémence accompagneront en filigrane Zoé au long de sa traversée du siècle. De la Virée de Galerne à la Troisième République, elle connaît la précarité comme l’aisance des mondanités parisiennes : une rencontre avec l’empereur, la proximité avec la famille royale, comme la clandestinité des opposants au régime, les joies et fiertés familiales – son fils, Fernand avait mené la première ascension de l’Aiguille du Midi – comme les deuils tragiques de la guerre.

On lira dans la presse le jour de ses obsèques : « Sa vie a été marquée par tant d’événements qui auraient brisé une âme moins vaillante que la sienne ». Dans ce récit historique, l’auteur retrace la vie de son aïeule à partir de documents conservés par sa famille et de recherches aux archives.

Cette rencontre discussion sera animée par l’écrivain journaliste Jacques Boislève.

(Source : Ouest-France, édition de Cholet, lundi 9 septembre 2019)
  


Gwenola de Bouillé, Zoé de Bonchamps, une femme dans le fracas de l’Histoire, éditions Le Sémaphore, juillet 2018, 122 pages, 16 €.

Rencontre et discussion le samedi 14 septembre 2019, à10h00,à l’auditorium de l’abbaye de Saint-Florent-le-Vieil. Entrée libre.
  

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